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Par ABB M.C le 28 Janvier 2018 à 09:49
Au XIXe siècle, deux prêtres relevèrent Rocamadour :
l’abbé Pierre Bonhomme de Gramat qui remit au goût du jour le lieu et le pèlerinage
et l’abbé Jean-Baptiste Chevalt qui dirigea les travaux de restauration du sanctuaire, dans la lignée de Viollet-le-Duc.
A force de ténacité, de pugnacité même, ils levèrent les fonds nécessaires et l’enthousiasme des foules.
Dans les années 1870, la restauration est presque achevée.
Un chemin de Croix à la toute fin du XIXe siècle. Voilà la cité telle qu’elle apparaît aujourd’hui !
De 1858 à 1872, l'abbé Jean-Baptiste Cheval quitte Cazes-Mondenard dont il était curé
et le diocèse de Montauban sous Mgr Doney, lequel lui accorde son exeat
à la demande de Mgr Bardou, évêque de Cahors, à la recherche d'un architecte
pour le titanesque chantier des restaurations des Sanctuaires de l'église de Notre-Dame de Rocamadour et de ses chapelles.
C'est à lui que l'on doit la renaissance de Rocamadour
Si l'on s'intéresse beaucoup - et à juste titre - à l'histoire et à l'architecture de Rocamadour au moyen-âge, il ne faut pas oublier que le sanctuaire a vécu une période de renaissance très riche au XIX ème siècle avec un personnage tout à fait extraordinaire : l'abbé Jean-Baptiste CHEVALT ( son véritable nom était CHEVAL mais l'habitude s'est prise de l'écrire avec un t). Certes son travail peut être critiqué car ce prêtre architecte était de son époque et s'apparentait à l'école de VIOLLET-LE-DUC. Cependant grâce à lui la cité religieuse religieuse a été sauvée et elle a pris l'aspect sous lequel on la connait aujourd'hui. Ainsi elle peut continuer à attirer tant de touristes et de pèlerins . On lui a reproché parfois, et assez tôt, son interventionnisme marqué. Ernest RUPIN dans son Roc-Amadour édité en 1904 ( page 7) écrit : "De nombreuses constructions ont été faites à Roc- Amadour depuis quelques années . Les vieilles dalles qui recouvraient les églises et qui s'harmonisaient si bien avec la nature du rocher ont été remplacées par des couvertures en ardoise et en zinc canelé; la pierre blanche et éclatante de Périlleux a été préférée, pour les restaurations, à la pierre du pays de couleur beaucoup plus sobre. Des sentiers, consolidés par des murs des des balustres également en pierre blanche, sillonnent la montagne et détonnent d'une façon désagréable..." Un archéologue Jules de VERNEILH écrivait en 1865 : " M. CAILLAU, auteur d'une histoire de Roc-Amadour, gémissait en 1834, sur l'état d'abandon et de ruine où se trouvait alors le lieu vénérable dont il décrivait avec amour les splendeurs passées, et il appelait de tous ses voeux une restauration. Ces voeux on été exaucés, peut-être un peu plus qu'il ne l'eût désiré lui-même, et que ne le veulent en tout cas les ennemis instinctifs des restaurations à outrance : ainsi l'église principale, composée de deux nefs séparées par une rangée de colonnes, a été entièrement peinte et forée de la voûte au pavé; sa crypte qui servait jadis de paroisse, a eu le même sort; la chapelle de la Vierge a été rebâtie et surmontée d'un campanile, couronné par une statue colossale de la Sainte-Vierge en style essentiellement moderne. En outre de ces travaux, déjà considérables, des portes ont été refaites, des perrons, des balustrades de pierre, des autel; bref avant peu, le nouveau l'emportera sur l'ancien, et les vieilles murailles disparaitront sous l'envahissante couche d'azur et de vermillon.
Je ne dis pas que ces restaurations aient été mal faites : à Dieu ne plaise ! Le savant prêtre qui les dirige y déploie, avec beaucoup de zèle, un véritable talent d'architecte et de décorateur,; mais je crains que son oeuvre ne finisse par absorber l'oeuvre de ses prédécesseur...' ( Roc-Amadour pages 7 et 8)
http://recteurrocamadour.eklablog.com/etat-des-lieux-avant-les-restaurations-a128487184
Au début du XIX ème siècle la cité religieuse de Rocamadour était dans un bien triste état. Des arbres poussaient dans le grand escalier, la plupart des commerçants étaient partis. Trois sanctuaires étaient en service (églises Saint-Sauveur et Saint-Amadour, chapelle Notre-Dame), deux sont en mauvais état (Saint-Michel et Saint-Blaise), les deux autres sont ruinés (Sainte Anne et Saint-Jean-Baptiste). La toiture de l'église Saint-Sauveur était à refaire, le mur extérieur de la face du midi accusait un surplomb de trente centimètres sous la poussée des voûtes surchargées de gravats. En 1831, Jacques-Antoine Delpon écrivait : « Tout annonce que cet oratoire célèbre ne subsistera pas longtemps »
Donc Il y avait beaucoup de bâtiments ruinés et ce qui était encore debout n'allait pas tarder à s'effondrer.
Avec le mouvement romantique le gothique et le moyen- âge redeviennent à la mode. Bientôt on aura le style « troubadour », Victor Hugo écrit Notre Dame de Paris... Peu à peu une volonté politique naquit en France pour la conservation des monuments historiques avec notamment Napoléon III , Mérimée et biensûr l’architecte Viollet-le-Duc. Au niveau religieux le romantisme redonne ses lettres de noblesse à l'idée de pèlerinage, pratique si décriée au XVIIème et surtout au XVIIIème siècle.
Dés la première moitié du XIX ème siècle on avait pris une certaine conscience des urgences architecturales pour des monuments négligés depuis longtemps et que risquaient de disparaitre dans de brefs délais, même si les mesures concrètes n’étaient pas encore au rendez-vous. Le 13 avril 1830, M. Baumes, préfet du Lot, avait écrit une lettre pour demander une aide urgente au ministre de l'Intérieur. Il y joignit un devis, qui s'élevait à 8 500 francs , établi en 1822 par l’ abbé Caillau. Cette lettre resta sans réponse. Une liste des monuments fut dressée pour le Lot, la chapelle de Rocamadour y apparut prioritaire, mais aucun financement ne fut accordé par l'État ou par la municipalité de Rocamadour.
La société redécouvre en même temps le moyen-âge et le pèlerinage. C'est cela qui explique qu'un ecclésiastique distingué, issu de la haute bourgeoisie parisienne se donne pour mission de relancer le pèlerinage de Rocamadour. Armand Benjamin CAILLAU est venu en
simple pèlerin demander la grâce de sa guérison en 1829. Il est prêtre de la Société des Missions de France et il veut installer une neuvaine de prédications à Rocamadour, ce qui sera chose faite en septembre 1835. Devant le succès de cette initiative il va la reproduire d'année en année. Dés le début il est aidé dans cette tâche par Pierre bonhomme. Voulant implanter à Rocamadour les Prêtres de la Miséricorde, il acheta le 11 septembre 1836 les remparts du sommet de la falaise pour construire une résidence en 1840 c'est ce que l'on appelle "le château" . En 1843, Mgr BARDOU (1842- 1863) récupéra l'édifice pour y loger des missionnaires diocésains. C'est cet évêque qui va lancer la restauration des sanctuaires et qui pour cela va appeler l'abbé CHEVALT.
La restauration de la cité religieuse se fera donc à l'initiative des évêques de Cahors. Et ce sera un véritable sauvetage qui va être entrepris . Pour bien comprendre l'esprit de cette restauration il faut se souvenir qu'on vivait alors dans l'Eglise de France et dans la société une sorte d'enthousiasme post-romantique, plus poétique qu'historique et scientifique . Les évêques encourageaient alors des recherches hagiographiques qui faisaient la part belle à des légendes sans fondement et ceci malgré des historiens sérieux comme Grégoire de Tours ou les Bollandistes. "C'est donc à l'initiative de Mgr Bardou que fut introduite au propre diocésain du bréviaire la légende la plus romanesque et la plus invraisemblable concernant saint Amadour : elle l'identifiait à Zachée le Publicain de l'Evangile, en faisait l'époux de sainte Véronique, tous deux disciples de saint Martial et évangélisateurs de l'Aquitaine au 1er siècle. Aucun évêque avant lui n'avait osé actionner ce que l'abbé CAILLAU, dés 1834, qualifiait de "narration fabuleuses qu'une sainte et religieuse critique ne saurait admettre." ( Rocamadour et son pèlerinage, Jean ROCACHER, p.40 )
Monseigneur Bardou, évêque de Cahors organisera une grande loterie pour financer la restauration des sanctuaires de Rocamadour. Il avait réuni 84 624,63 francs, soit seulement le quart de la somme qu'avait estimé M. Lainé, architecte agréé par le diocèse.
L'abbé Chevalt fut appelé et reçut la délégation totale de l'évêque pour la direction du chantier de 1858 à 1872:
• il géra les aspects techniques : réalisation des plans, embauche des ouvriers et supervision des travaux ;
• il s'acquitta des tâches administratives : approvisionnement en machines et matériaux, gestion de la trésorerie, achat des terrains, négociation et représentation de l'évêque en justice ;
• il rendit compte à l'évêque pratiquement tous les mois de l'avancée des travaux et des dépenses engagées.
Il s'investit pleinement dans sa tâche, malgré des problèmes de santé. Il fit même des avances avec ses avoirs personnels lorsque l'argent venait à manquer pour le chantier. Il fut très affecté par l'hostilité de la population de Rocamadour et particulièrement par le procès perdu par l'administration du pèlerinage à la suite de l'éboulementdu 3 février 1865 .
Il fit aussi une chute importante d'un échafaudage en août 1872
Dès 1868, il put aussi diriger d'autres chantiers.
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Par ABB M.C le 27 Décembre 2017 à 13:01
Aujourd’hui, la célébration de Noël est éminemment festive. C’est une période pendant laquelle nous échangeons des cadeaux, nous nous réunissons en famille, et pendant laquelle, il faut bien l’admettre, nous exagérons et forçons sur les repas, les sucreries et la fête. Cependant, il n’en a pas toujours été ainsi. La publication [en anglais], sur le site HistoryExtra, du professeur de l’université Sainte-Catherine de Cambridge, Matthew Champion, aborde ce sujet de façon remarquable. En principe, la célébration de Noël a toujours été importante, cela ne fait aucun doute. Seulement, pour les chrétiens médiévaux, la célébration de Pâques ainsi que la fête de l’Annonciation – célébrée le 25 mars – revêtaient une importance égale, si ce n’est plus grande encore. (...)
https://fr.aleteia.org/2016/12/15/comment-fetait-on-noel-au-moyen-age/
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Par ABB M.C le 4 Novembre 2017 à 17:21
Sgillum beata Maria de Rocamador
(sceau de la bienheureuse Marie de Rocamadour)
De même que les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle portaient la coquille , ceux Chartres la sainte chemise et ceux de Bologne la barque. Rocamadour a son insigne appelé sportelle (senhal en occitan), sportulas ou sportellas, depuis 1172 ( d'après le livre des miracles). Portée par les pèlerins, elle servait de sauf-conduit pour traverser les zones de guerre vers 1371, pendant la Guerre de cent ans...Le pèlerinage, a pris son essor au XIIe siècle. Il s'est organisé autour d'une chapelle et d'une sculpture représentant une Vierge en majesté d'époque romane. C'est précisément cette image qui est représentée librement sur les enseignes de Rocamadour. Ces dernières, appelées aussi sportelles (du latin sportella, qui signifie petite corbeille et faisant certainement allusion à la besace sur laquelle le pèlenn pouvait fixer l'objet), ont été mises au jour dans plusieurs sites européens (France, Allemagne, Angleterre, Scandinavie, Estonie...). Les enseignes de Rocamadour ont des points communs qui les distinguent: absence constante de jour, permanence d'une forme ovoïde dite en navette. Cette forme caractéristique évoque celle des sceaux et l'enseigne apparaît certainement comme la copie du sceau de l'église, à la seule différence qu'elle est dotée d'annelets permettant d'être fixée au vêtement du pèlerin. Cette hypothèse est confirmée par le mot SIGILLUM (sceau), qui ouvre la légende de toutes ces enseignes. De même que le sceau sur le parchemin vaut validation de celui-ci, l'«enseigne-sceau» devient un objet d'identification et de validation du pèlennage accompli. Dans le champ de l'enseigne apparaît l'image de la Vierge assise, couronnée, nimbée, tenant un sceptre de la main droite et portant, sur son bras gauche, l'Enfant Jésus presque toujours pourvu du nimbe crucifère. Ce type d'enseignes, Caractéristiques de Rocamadour, a également la particulanté d'avoir été diffusé par le sanctuaire pendant plusieurs siècles, ce qui en rend d'ailleurs la datation particulièrement délicate...
Sportelle du XIII eme ou XIV ème siècle
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Par ABB M.C le 10 Septembre 2017 à 14:54
http://www.lhistoire.fr/las-navas-de-tolosa-le-grand-choc
http://www.histoire-pour-tous.fr/batailles/3005-la-bataille-de-las-navas-de-tolosa-1212.html
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