• Religion populaire ?

     

    Religion, religiosité, piété populaire, termes qui désignent un ensemble de pratiques, d'événements qui entretiennent la foi et la transmettent. Il peut y avoir des déviances mais c'est une "langue maternelle"

    ainsi que le déclare le pape Francois dans "La joie de l'Evangile"

     https://www.youtube.com/watch?v=BJfLQDURgtY

    § 90 Les formes propres à la religiosité populaire

    § 90. Les formes propres à la religiosité populaire sont incarnées, parce qu’elles sont nées de l’incarnation de la foi chrétienne dans une culture populaire. Pour cela même, elles incluent une relation personnelle, non pas avec des énergies qui harmonisent mais avec Dieu, avec Jésus Christ, avec Marie, avec un saint. Ils ont un corps, ils ont des visages. Les formes propres à la religiosité populaire sont adaptées pour nourrir des potentialités relationnelles et non pas tant des fuites individualistes. En d’autres secteurs de nos sociétés grandit l’engouement pour diverses formes de “spiritualité du bien-être” sans communauté, pour une “théologie de la prospérité” sans engagements fraternels, ou pour des expériences subjectives sans visage, qui se réduisent à une recherche intérieure immanentiste.


    § 122-124, 126 : La force évangélisatrice de la piété populaire.

    § 122. De la sorte, nous pouvons penser que les divers peuples, chez qui l’Évangile a été inculturé, sont des sujets collectifs actifs, agents de l’évangélisation. Ceci se vérifie parce que chaque peuple est le créateur de sa culture et le protagoniste de son histoire. La culture est quelque chose de dynamique, qu’un peuple recrée constamment, et chaque génération transmet à la suivante un ensemble de comportements relatifs aux diverses situations existentielles, qu’elle doit élaborer de nouveau face à ses propres défis.

    L’être(73) humain « est à la fois fils et père de la culture dans laquelle il est immergé »(97). Quand un peuple a inculturé l’Évangile, dans son processus de transmission culturelle, il transmet aussi la foi de manières toujours nouvelles ; d’où l’importance de l’évangélisation comprise comme inculturation. Chaque portion du peuple de Dieu, en traduisant dans sa vie le don de Dieu selon son génie propre, rend témoignage à la foi reçue et l’enrichit de nouvelles expressions qui sont éloquentes. On peut dire que « le peuple s’évangélise continuellement lui- même »(98). D’où l’importance particulière de la piété populaire, expression authentique de l’action missionnaire spontanée du peuple de Dieu. Il s’agit d’une réalité en développement permanent où l’Esprit Saint est l’agent premier (99).

    § 123. Dans la piété populaire, on peut comprendre comment la foi reçue s’est incarnée dans une culture et continue à se transmettre. Regardée avec méfiance pendant un temps, elle a été l’objet d’une revalorisation dans les décennies postérieures au Concile.

    Ce fut Paul VI, dans son Exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi qui donna une impulsion décisive en ce sens. Il y explique que la piété populaire « traduit une soif de Dieu que seuls les simples et les pauvres peuvent connaître »(100) et qu’elle « rend capable de générosité et de sacrifice jusqu’à l’héroïsme lorsqu’il s’agit de manifester la foi » (101).

    Plus près de nous, Benoît XVI, en Amérique latine, a signalé qu’il s’agit « d’un précieux trésor de l’Église catholique » et qu’en elle « apparaît l’âme des peuples latino- américains ».(102).

    § 124. Dans le Document d’Aparecida sont décrites les richesses que l’Esprit Saint déploie dans la piété populaire avec ses initiatives gratuites. En ce continent bien-aimé, où un grand nombre de chrétiens expriment leur foi à travers la piété populaire, les évêques l’appellent aussi « spiritualité populaire » ou « mystique populaire » (103).

    Il s’agit d’une véritable « spiritualité incarnée dans la culture des simples » (104). Elle n’est pas vide de contenus, mais elle les révèle et les exprime plus par voie symbolique que par l’usage de la raison instrumentale, et, dans l’acte de foi, elle accentue davantage le credere in Deum que le credere Deum (105) « C’est une manière légitime de vivre la foi, une façon de se sentir partie prenante de l’Église, et une manière d’être missionnaire »(106) ; elle porte en elle la grâce de la mission, du sortir de soi et d’être pèlerins : « le fait de marcher ensemble vers les sanctuaires, et de participer à d’autres manifestations de la piété populaire, en amenant aussi les enfants ou en invitant d’autres personnes, est en soi un acte d’évangélisation ».(107) Ne contraignons pas et ne prétendons pas contrôler cette force missionnaire !

     

    § 126. Dans la piété populaire, puisqu’elle est fruit de l’Évangile inculturé, se trouve une force activement évangélisatrice que nous ne pouvons pas sous- estimer : ce serait comme méconnaître l’œuvre de l’Esprit Saint. Nous sommes plutôt appelés à l’encourager et à la fortifier pour approfondir le processus d’inculturation qui est une réalité jamais achevée. Les expressions de la piété populaire ont beaucoup à nous apprendre, et, pour qui sait les lire, elles sont un lieu théologique auquel nous devons prêter attention, en particulier au moment où nous pensons à la nouvelle évangélisation.

     

    http://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1978_num_64_173_1619

     

    http://www.famillechretienne.fr/eglise/pape-et-vatican/un-an-de-pontificat-la-saintete-pour-tous-131753 

     

    Il y a un siècle, Charles Péguy avait parfaitement repéré l’un des plus graves dommages pour l’Église : le fait que « dans le monde moderne la chrétienté n’est plus un peuple… un immense peuple, une race immense : le christianisme n’est plus spécialement la religion des couches les plus profondes, une religion populaire. »

    Pour y remédier, le pape François, de par sa culture et son histoire, semble le pontife indiqué. Car, depuis un an, il bouscule les catholiques pour les exhorter à aller au peuple. Tel un saint Augustin, invitant ses ouailles à accepter la chute de Rome et à évangéliser les barbares. Un Frédéric Ozanam, quinze siècles plus tard, incitant les catholiques à « passer aux barbares », c’est-à-dire au peuple de la révolution industrielle, pour « en faire des citoyens en en faisant des chrétiens ».

     

    Aujourd’hui encore, on peut considérer que toute une partie du peuple a été perdue par les élites catholiques, à force d’intellectualisme qui dépouille la foi de tous ses aspects sensibles, que ce soit la liturgie ou la piété populaire…

    Aller au peuple, pour le pape François, ce n’est pas être un démagogue qui édulcorerait le message pour séduire – « Le pape n’est pas une star », a-t-il affirmé récemment.

    Ce n’est pas non plus se lancer dans une « réduction socialisante » de l’Évangile, au nom de la nécessité d’aller vers les pauvres, mais sans leur annoncer l’amour de Dieu pour eux. Non, s’il faut aller vers les périphéries, là où réside le peuple, c’est en vue de sa conversion. 

     

    À cette fin, il s’agit pour le pape de pousser le noyau dur des catholiques à la radicalité évangélique, à une plus grande cohérence entre paroles et actes, laquelle constitue le témoignage le plus crédible. Quitte à déranger… Mais n’avons-nous pas des « âmes habituées », pour parler comme Péguy ? Le pape François, lui, évoque plus volontiers, en termes fleuris, des « chrétiens à l’eau de rose » !

     

    « La sainteté n’est pas un luxe », affirme-t-il encore aux nouveaux cardinaux le 22 février, car elle est « nécessaire pour le salut du monde ». Mais cette sainteté est aussi pour tous. En cela, il rejoint le discours le plus sûr de l’Église, popularisé en France par un saint François de Sales, pour qui la « vraie dévotion » n’est pas réservée aux seuls religieux ni aux clercs.

     

    « Jésus n’enseigne pas une religion pour les élites », expliquait pour sa part le cardinal Ratzinger en 1983, mais pour les petits, les simples, « ceux qui ont besoin de l’aide de Dieu et le disent ». Voilà pourquoi, ajoutait-il, il ne faut pas mépriser l’humble prière de demande, qui va à l’encontre de l’autosuffisance proclamée de l’homme moderne. Demandons donc, avec Péguy, « qu’une sainteté monte de la terre » pour notre XXIsiècle !

     


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