• http://saint-sepulcre-toulouse.eklablog.com/nuemro-13-octobre-novembre-decembre-2014-a113904060

     

    Des reliques en général 

     

    Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'époque ne leur est pas favorable, même dans l’Église, où le prédicateur, et plus encore le théologien qui prononce ce mot perd instantanément toute crédibilité... 

     

    «Leur origine douteuse... La morbidité de ces débris humains ou de ces menus objets porteurs de diverses souillures... Leur commerce lucratif... L’obscurantisme d'un temps heureusement révolu, où l’Église ne reculait pas devant les plus grossières manipulations pour assurer son emprise sur les masses incultes... ». Voilà ce que la modernité nous souffle à l'oreille. 

     

    Cela n'est pas nouveau. Simplement, nous sommes parvenus au bout du processus, jusqu'à un assèchement presque complet des coeurs et des esprits, ce qui est gravissime. Il y d'abord eu le XVIIIème siècle, celui de toutes les subversions, et qui s’est  autoproclamé  « Siècle des Lumières ». Puis le très scientiste XIXème, où les disciplines mathématiques et techniques ont été érigées en idole absolue. Enfin le XXème, terrain de jeu de toutes les idéologies, l'«ère du soupçon », comme on l'a appelé, dont l'esprit a déjà contaminé ce nouveau millénaire. Le «soupçon », plus ou moins narquois et potache à la manière de Mai 1968, a dangereusement muté en une irrationalité de combat. Celle du Da Vinci Code, toutes ces croyances esotérico-templaro-complotistes qui, à force de mauvais livres et de mauvais films, sont devenues le fond de la culture contemporaine. Et les jeux vidéos, si fortement imprégnés de cet imaginaire, et qui sont en train de façonner en profondeur la mentalité et le comportement des jeunes, condamnés à devenir adultes sans que rien ni personne ait été là pour corriger leurs idées fausses. Si l'on y songe, la question des reliques concentre bien des griefs du procès fait aujourd'hui à l’Église, dans le contexte de cette grave crise de la transmission qui affecte toute la société. 

     

    Essayons pourtant de renouer les fils rompus (c'est de tout temps la mission spirituelle et humaniste de l'Eglise!), et de sortir par le haut de cette impasse en réfléchissant sereinement! En posant d'emblée que, même dépourvus d'internet, les gens d'autrefois étaient entièrement faits comme nous, avec la même humanité, les mêmes capacités intellectuelles, qu'ils ne voulaient pas plus que nous êtres dupes d'une manipulation, et qu'ils étaient aussi capables que nous de sentir et de combattre le mensonge et la contrainte. Je pense même qu’étant, beaucoup plus que nous aujourd'hui, proches et respectueux de la nature et de la vie, leur intelligence pratique et leur réalisme étaient bien supérieurs aux nôtres. 

     

    En ce temps-là, et naguère encore, les reliques étaient un aspect très important, voire indispensable, de la foi et de l'évangélisation. Elles étaient, et demeurent, la manifestation d'une tendance émouvante, aussi vieille que l'homme, qui consiste à vouloir toucher, posséder un objet qui se rapporte à une personne aimée pour conforter les sentiments et le souvenir. Qui n'a pas dans son armoire la boucle de cheveux blonds d'un bébé, une dent de lait, un vieux bijou cabossé sans aucune autre valeur que sentimentale, une photo jaunie et rafistolée par de vieux rubans adhésifs ? Les reliques nous parlent d'un temps où les lieux-saints, Rome, Jérusalem, Lourdes même! n'étaient pas tellement accessibles, et où le besoin de voir et de toucher était pourtant aussi fort qu'aujourd'hui. A défaut d'aller à Rome sur les tombes des martyrs, à Jérusalem pour voir le Golgotha, il fallait donc absolument que les corps des saints et les souvenirs de la Passion puissent en quelque sorte venir à nous. D'où ces fragments d'os, objets personnels, linges ayant touché des restes sacrés... Et en ces temps héroïques où la violence était générale et où l'on mourait jeune, la foi elle-même était dans la démesure ; elle ne craignait pas de s'exprimer publiquement, chaleureusement, voire excessivement! C'est vrai qu'on s'est battu pour des reliques, que des sommes folles ont été payées pour les obtenir. L'homme est humain, quelle découverte!, et son histoire, entre l'ombre et la lumière, est faite de chair et de sang! Pour notre part, en avons-nous fini avec la violence, l'injustice et les comportements abusifs? Je ne le pense pas! 

     

     

    Des reliques de la Passion du Christ en particulier 

     

    Certaines sont universellement connues. Le Saint-Suaire de Turin (en fait un linceul!)... La Couronne d’épines, achetée par saint Louis et conservée à Notre-Dame-de-Paris, qui se présente comme un cerceau de « jonc » sans aucune pointe! mais c'est là un signe en faveur de l’authenticité : la couronne d'épine de l’Évangile était vraisemblablement comme un «casque» de feuillage piquant, fixé sur la chevelure au moyen d'un serre-tête végétal... Beaucoup moins connue, la « planchette" de l'INRI ("Titulum Crucis"), gardée avec d'autres importants souvenirs de la Passion dans la trop méconnue basilique romaine de la-Sainte-Croix-en-Jérusalem. Tant d'autres encore, presque complètement oubliées, parmi lesquelles notre Sainte Coiffe de Cahors. 

     

     

    La Sainte Coiffe, sa description, son histoire, son culte 

     

    L'objet se présente comme un bonnet matelassé formé de huit épaisseurs de tissus différents, appliqués et cousus l’un sur l’autre. Plusieurs taches de sang sont visibles, qui correspondraient à celles du Linceul de Turin. Les rites juifs antiques prescrivaient l'emploi d'accessoires funéraires de ce genre, ce qui fait de la coiffe de Cahors un objet particulièrement intéressant et plausible. 

     

    Nous savons que les Evangiles insistent particulièrement sur les linges demeurés dans le tombeau du Christ au matin de Pâques. Considérés par les Apôtres comme les signes de la Résurection, comment imaginer qu'ils n'aient pas été pieusement conservés par la première communauté de Jérsualem, devenant rapidement l'objet d'une sorte de culte? Envoyés aux grands centres chrétiens de l'époque, Antioche, Alexandrie, Rome, Constantinople, en signe de communion ecclésiale, on les retrouve, dans leur entièreté, ou sous formes de fragments, dans l'ensemble du bassin méditerranéen. La Sainte Coiffe aurait été un temps en la possession du calife Haroun Al Rachid ou de l'impératrice Irène de Byzance, deux personnalités dont le point commun est d'avoir été en relation avec Charlemagne, que la tradition assure avoir été le donateur de la précieuse relique à la cathédrale de Cahors. 

     

    En 1119, le pape Calixte II lui consacre  un autel ; c’est la première mention historiquement sûre que nous en ayons. C'est la raison pour laquelle, cela doit être mentionné, beaucoup d'historiens d’aujourd’hui préfèrent penser que la Sainte Coiffe a été rapportée de la première croisade par l’évêque Géraud III de Cardaillac. Dès 1640, face aux premières objections de la critique moderne, un érudit local Marc-Antoine Dominicy est amené à prendre sa défense, en publiant une étude qui sera suivie de plusieurs d'autres, de valeur inégale. 

     

    Au fil de l'histoire et de ses vicissitudes, la Coiffe a été présentée dans plusieurs chasses successives, dont trois sont documentées : celle de 1458, qui a été dérobée par les troupes protestantes d'Henri de Navarre et dont le contenu jeté à la rue fut  recueilli par une fidèle est demeuré un certain temps à Luzech ; celle de 1585, qui n'a pas survécu à la Révolution ; l'actuelle enfin, particulièrement précieuse, qui date du début du XIXème siècle, après que Mgr d’Anglars, l'« évêque constitutionnel du Lot » sauveur de la relique durant les heures sombres de la persécution l’ eut restitué en 1801. 

     

    Actuellement, relique et reliquaire ne sont plus dans leur chapelle - la chapelle axiale - au coeur de la cathédrale. Victimes du scepticisme contemporain, ils ont été relégués dans un recoin du cloître, la chapelle Saint-Gausbert, où il est difficile de les voir et encore plus de prier, car l'endroit est une sorte de dépôt muséal destiné aux touristes. Comme il paraît loin, le temps où la Coiffe, considérée par tous comme la protectrice de la cité, était portée solennellement en procession dans les rues de la ville ! Particulièrement le jour de Pentecôte, où, jusqu'en 1960, l’évêque en faisait une ostension solennelle du haut de la chaire. Une manifestation religieuse et sociale tellement importante qu'au XIIIème siècle des rentes avaient été établies pour aider à l'herbergement et à l'entretien des pèlerins pauvres dont on n'imaginait pas qu'ils puissent renoncer au pèlerinage pour des raisons pécuniaires. En vertu du beau principe que "les pauvres sont la chair du Christ", selon la formule magnifique de saint Louis, et que leur présence est une bénédiction, et leur absence, une insulte faite à Dieu. Une époque barbare, obscurantiste, avez-vous dit? Craignons plutôt que, dans quelques siècles, ce qualificatif serve à juger la nôtre... 

     

    Comme on s'en doute, la Révolution avait aboli la dévotion publique envers la Sainte Coiffe mais celle-ci a repris avec une certaine vigueur dès les premières années du XIXème siècle, même si les processions en ville sont devenues de plus en plus rares. Aux chanoines, gardiens officiels de la relique, avait été associé une confrérie de laïcs, active depuis au moins le XVIIème siècle et qui s'est éteinte à la moitié du XXème. Une dernière procession de la Sainte Coiffe a encore eu lieu en 1940. Faudra-t-il un désastre, une grande frayeur, pour que la Sainte Coiffe revienne dans les rues de la ville ? Ce n’est pas souhaitable mais c'est ainsi que l'homme fonctionne. Dieu est patient, il a tout son temps. Nous, un peu moins. Notre vie est courte... 

     

     

    Pour nous aider dans notre foi et notre vie chrétienne 

     

    Ne demandons pas aux reliques plus qu'elles ne peuvent et veulent donner ! Comme en témoigne le dernier chapitre du Guépard du romancier italien Lampedusa, les plus douteuses ont été éliminées depuis très longtemps par l'Eglise elle-même. Avec parfois même un excès de zèle critique dont l'un des exemples les plus amusants est le cas de sainte Pétronille, fille spirituelle de saint Pierre : déjà, l'Eglise du début de la Renaissance considérait son existence comme suspecte. Mais ne voilà-t-il pas que sa tombe monumentale du IVème siècle, son portrait en pied, avec son nom en toutes lettres, furent mis au jour quand on redécouvrit à Rome la Catacombe de Domitille quelques décennies plus tard! Clin d'oeil de Dieu, dont on pourrait donner de nombreux exemples analogues, et par lesquels périodiquement Il ramène à sa juste mesure l'esprit critique de l'homme qui se croit tout puissant! Il n'est pas rare que la tradition, les coutumes, aient finalement ainsi raison contre l'hypercritique, qui n'est au fond que l'un des visages de l'éternel orgueil de l'homme... 

     

    C'est incontestable : la religion populaire a eu toujours besoin d'être periodiquement verifiée, purifiée, réévangélisée. Mais, dans ces dernières décennies, on a surtout jeté le bébé avec l'eau du bain, avec pour résultat de nombreux dégâts dans le coeur et la foi des fidèles. Ne soyons pas étonnés d'en subir maintenant le terrible contre-coup! Les reliques n'ont jamais été qu'un support privilégié de la dévotion, jamais l'objet de cette dévotion. Nos frères chrétiens byzantins rencontrent le même problème, évidemment avec leurs propres reliques, mais surtout avec leurs icônes, qu'ils doivent défendre depuis 1500 ans contre des excès de type idolâtrique qui, à la faveur des grands chocs sociétaux, reviennent périodiquement perturber le bon usage des images sacrées. Il en va des reliques comme des remèdes : ce n'est pas parce qu'on les utilise mal, ou qu'on en abuse, avec d'inévitables conséquences négatives, qu'il faut les retirer du marché, fermer tous les laboratoires et brûler les pharmacies... Ne riez pas : c'est un peu ce que l'Eglise a fait avec les reliques. Recevons des reliques au moins une leçon : celle de l'humilité. Et la conscience d'appartenir à une famille, l'Eglise, qui comme toutes les familles, a ses limites humaines, ses heures de joies, ses moments plus douloureux. La conscience que nous venons après bien d'autres auxquels des gestes de simple piété n'ont pas fait de mal, fort au contraire. La conscience de n'être que les maillons d'une transmission douce et paisible, qui s'accomode mal des grands excès, en particulier de ce purisme qui est une tentation régulière des individus et des groupes, et dont les effets sont toujours désastreux : le découragement et sa conséquence, le retour au point de départ, quand ce n'est pas pour tomber plus bas encore... Le catholicisme, équilibré, réaliste, "à qui rien de ce qui est humain n'est étranger", comme disait le pape Paul VI, et qui se déploie calmement dans le temps et l'espace depuis 2000 ans, est justement le meilleur rempart contre les excès de ce genre. Soyons joyeusement catholiques et tout ira bien! 

     

    Et en ce qui concerne la relique de Cahors, un dernier souhait : comme pour le Saint- Suaire, mais, instruite par cette première expérience, avec plus d'égards encore, que la communauté scientifique puisse enfin se pencher sérieusement sur cet objet fascinant. L'Eglise ne craint rien, surtout pas la vérité. A cette condition, je ne doute pas que la Sainte Coiffe puisse aujourd'hui encore, et pour longtemps, soutenir la foi du peuple chrétien! 

     

    Abbé M. CAMBON

     

    La Sainte Coiffe à Rocamadour en 1935

     Reliquaire de la Sainte Coiffe ( cathédrale de Cahors)

     

    La Sainte Coiffe à Rocamadour en 1935

    La Sainte Coiffe exposée au milieu des reliques du diocèse ( devant l'autel en bas on reconnaît le reliquaire de saint Amadour)

    La Sainte Coiffe à Rocamadour en 1935

    L'arrivée en procession des reliques majeures du diocèse: le reliquaire de la Sainte Coiffe mais aussi la chasse de bronze des reliques de Saint Amadour...

    La Sainte Coiffe à Rocamadour en 1935

     Le reliquaire de la Sainte Coiffe sur le parvis

     

      

     

     


    4 commentaires
  •  

    http://www.abbaye-chancelade.com/?page_id=89

     

    LE BIENHEUREUX ALAIN de SOLMINIHAC (1593-1659 )

     

    Le bienheureux Alain de Solminihac, évêque de Cahors

     

    Les grandes dates de sa vie

     

                Alain de Solminihac est né le 25 novembre 1593 au Château de Belet, en Dordogne, d’une famille catholique de petite noblesse rurale.

    Il songeait à devenir Chevalier de Malte, vocation à laquelle le préparait son éducation, quand les circonstances firent de lui, à l’âge vingt ans, un abbé de Chancelade, Abbaye de Chanoines Réguliers de Saint Augustin toute proche de Périgueux (5 septembre 1614). Les bâtiments étaient en ruine.La Communautése trouvait  réduite à trois religieux. Alain vit, dans cette désignation, un signe de Dieu, se consacra à Lui entièrement et décida de réformer cette Maison.La Franceconnaissait alors un renouveau religieux avec l’éclosion de l’école française de spiritualité dans le sillage du concile de Trente.

    Afin de se préparer à cette tache, Alain prit l’habit religieux, s’exerça à l’oraison mentale et fit sa profession le 28 juillet 1616. Il devint prêtre le 22 septembre 1618.

    Après son ordination, il partit pour Paris afin d’y compléter sa formation intellectuelle et spirituelle et pour enquêter sur la manière dont s’opérait la réforme des Chanoines Réguliers, sous la direction du Cardinal deLa Rochefoucauldet du Père Charles Faure. Il resta quatre ans à Paris, suivant les cours dela Sorbonneoù il subit l’influence d’André Duval. Il fréquenta les milieux spirituels : il put voir notamment, à plusieurs reprises, Saint François de Sales lors du séjour que fit celui-ci dans la capitale en 1619. Il fréquenta aussi le Cardinal dela Rochefoucauldet Charles Faure. Enfin il fit les Grands Exercices Spirituels de Saint Ignace sous la direction du jésuite Antoine Le Gaudiery, célèbre pour son talent à diriger les âmes. Il suivit, jusqu’à la mort, les résolutions qu’il prit durant cette retraite. En octobre 1622, il était de retour à Chancelade.

    Pour comprendre Alain de Solminihac, il faut toujours se reporter à ce séjour qui orienta définitivement son esprit. C’est là qu’il entra vraiment en relation avec les animateurs dela RéformeCatholiqueen France et qu’il reçut la formation qui lui manquait auparavant.

    Dès son retour à Chancelade, il se préoccupa de recevoir la bénédiction abbatiale. Elle lui fut conférée le jour de l’Epiphanie par l’Evêque de Périgueux, Monseigneur dela Béraudière, qui l’avait déjà ordonné prêtre.

    Il commença immédiatement son œuvre de réformateur. Il reconstruisit l’église et les bâtiments claustraux tels que nous les voyons aujourd’hui. Il reconstitua la communauté et en treize ans, il reçut cinquante nouveaux chanoines. Il leur donna une formation très profonde. Il leur donna  une direction spirituelle collationnée sous le nom d’Avis.

    C’est un texte qui mérite de prendre place parmi les meilleurs ouvrages spirituels du temps. Il les orienta en même temps, vers l’apostolat, conformément à leur vocation. Chancelade assura désormais et l’office public et le service pastoral. En quelques années, l’Abbaye jouissait d’une réputation bien établie. Il en sera ainsi jusqu’àla Révolution.Lesuccès d’Alain de Solminihac fut impressionnant et lui valut une réputation étendue. Si la réforme française des Chanoines Réguliers avait tourné autrement, l’Abbé de Chancelade aurait pu se trouver placé à la tête d’une vaste Congrégation de Chanoines Réguliers répandue à partir de Chancelade dans le sud et l’ouest du royaume.

     

    Cette réputation attira très vite sur lui l’attention du roi Louis XIII, du Cardinal de Richelieu et du Pape Urbain VIII. Comme il fallait, à tout prix, trouver des évêques en un temps où la réforme de l’Eglise était à l’ordre du jour, on pensa à lui. On songea d’abord à lui confier Lavaur qu’il refusa, souhaitant se consacrer au développement de la réforme de Chancelade. Il ne put se dérober quand il fut prévenu de sa nomination à Cahors. C’était alors un des Evêchés les plus importants de France. Il était dans une triste situation et il fallait, pour le reprendre en mains, un homme doué de beaucoup d’énergie. En acceptant cette charge il mit une seule condition : pouvoir conserver l’Abbatiat de Chancelade afin d’y implanter plus solidement la réforme, déjà étendue aux Abbayes de Sablonceaux, près de Saintes, dela Couronne, près d’Angoulême et au prieuré Saint-Gérald à Limoges. Malgré les difficultés, il conserva sa charge d’Abbé  jusqu’à l’élection de son successeur, Jean Garat, qui entra en fonction en 1658.

    En attendant de recevoir les bulles pontificales, Alain de Solminihac envisagea l’ensemble de ses nouveaux devoirs dans le Pontificat. Il vit les traités concernant l’Evêque, qui étaient nombreux. Il étudia les décrets du concile de Trente. Il s’imprégna de la vie de  saint Charles Borromée et des actes de l’Eglise de Milan. Il lut aussi les annales de Baronius et chercha à voir comment agissaient les évêques de l’Eglise primitive. Enfin, il reprit l’enseignement de saint Augustin sur la vie commune des clercs et organisa sa maison épiscopale en conséquence. De cette étude de plusieurs mois, complétée par des conversations et des correspondances avec des évêques très estimés, sortit un plan de vie épiscopale très précis : vie commune de l’Evêque avec un groupe de Chanoines Réguliers, spiritualité puisée aux sources des premiers siècles chrétiens ; application du concile de Trente et implantation, à Cahors, des institutions milanaises. C’étaient là les idées des grands réformateurs qu’il avait rencontrés à Paris.

    Alain de Solminihac était tout à cette préparation quand il reçut ses bulles. Dans l’ancienne France, le sacre des Evêques avait lieu généralement à Paris. Il suivit la coutume. Il fit une retraite d’un mois chez les Chartreux. La cérémonie se déroula le 27 septembre 1637. Elle eut lieu en l’église de l’Abbaye des Chanoines Réguliers de Sainte Geneviève. L’ordination épiscopale lui fut conféré par l’Archevêque de Toulouse, Charles de Montchal, assisté des évêques de Senlis : Nicolas Sanguin, et de Meaux : Dominique Séguier. La cérémonie terminée, il se retira encore àla Chartreuse, puis à l’Abbaye de Chancelade.

    Il acheva de mettre la main aux derniers préparatifs de son entrée dans le diocèse qu’il avait  mission de gouverner et prit ses dispositions pour la direction de l’Abbaye de Chancelade. Il arriva en Quercy début février 1638 et s’installa au Château de Mercuès, résidence des évêques de Cahors. La situation du diocèse était difficile. Il commença son œuvre en convoquant un synode qui eut lieu le 21 avril, suivi d’une série régulière jusqu’à sa mort.

    Le synode achevé et les premiers règlements adoptés, il commença sa visite pastorale. Celle-ci ne devait finir qu’avec sa vie. Il lança aussi des missions paroissiales ; organisa un Séminaire qu’il confia aux Lazaristes de saint Vincent de Paul, son ami ; il réorganisa les structures diocésaines ; suscita des conférences ecclésiastiques ; mit sur pied des œuvres de charité ; encouragea la dévotion au Saint Sacrement ; poussa à la piété mariale en manifestant son attachement pour Rocamadour ; fonda des hôpitaux et des orphelinats ; soutint l’instruction populaire. En même temps, il tint tête à toutes les oppositions, se montrant- en toute circonstances-  homme de courage. On le vit bien dans la manière avec laquelle il lutta contre les duels, un des fléaux du Quercy. On le vit aussi dans la manière dont il se comporta durant les troubles dela Frondecomme devant la révolte d’une partie de son clergé. Il fut aussi homme de fermeté quand il dut prendre parti devant les problèmes doctrinaux de son temps, en étroite union avec le Saint siège : gallicanisme, jansénisme, morale relâchée et surtout lutte contre les protestants qui fut l’un des axes  majeurs de son action.

    Le sommet de cette action apostolique fut atteint lors du Jubilé accordé par le Pape Alexandre VII de 1657 à 1658.

    Epuisé par son activité et par ses austérités, il mourut au Château de Mercuès le 31 décembre 1659. Il fut inhumé dans l’église des Chanoines Réguliers de Cahors.

    Cette mort fut un deuil public. La réputation de l’évêque se répandit. Il y eut de nombreux miracles et l’enthousiasme populaire fut tel qu’on envisagea de proclamer Alain bienheureux.

     

     

    Le bienheureux Alain de Solminihac, évêque de Cahors

     

    la sépulture d’Alain de Solminihac dans la cathédrale de Cahors.

     

     

    Dès 1661, l’évêque de Cahors, Nicolas de Sevin, entreprit les premières démarches. Le procès rencontra des difficultés inhérentes aux hommes et aux évènements.La Causefut introduite par Pie VII le 6 août 1783 ; le 19 juin 1927, Pie XI signa le décret sur l’héroïcité des vertus et, le 13 juillet 1979, Jean-Paul II reconnut un miracle accompli à Cahors en 1661 concernant la petite Marie Ladoux, âgée de cinq ans.

    Le 4 octobre 1981, le pape Jean-Paul II proclama Alain de Solminihac bienheureux, honneur attribué l’année précédente à son contemporain, François de Laval-Montigny, premier évêque de Québec. Cette béatification a mis en lumière la personnalité et la sainteté d’un évêque qualifié de « Borromée français » qui contribua à la réforme de l’Ordre Canonial et à la remise en ordre du diocèse de Cahors, dans l’application du concile de trente.

     

    Sa dimension spirituelle lui permit de jouer un rôle majeur dans l’église de son temps qu’il contribua à renouveler de concert avec son ami Vincent de Paul.

     

     


    6 commentaires

      • Rocamadour autrefois: la chapelle Notre-Dame

        Rocamadour autrefois: la chapelle Notre-Dame

        C'est vraiment le coeur du pèlerinage avec sa statue célèbre de la vierge noire. Les efforts de l'abbé Cheval ont porté particulièrement sur ce lieu qui a été agrandi tout en essayant de lui conserver son âme. La piété des pèlerins a fait le reste... La chapelle peut paraître un peu encombrée...Ce n'est plus le cas aujourd'hui...

         

         

         

        Rocamadour autrefois

         

         

        Rocamadour autrefois

        Rocamadour autrefois

         

         

        Rocamadour autrefois

        Un autel en bronze doré est venu replacer l'ancien retable du XVII-XVIIIème siècle ( mais celui-ci est conservé dans la chapelle Sainte-Anne)

        Rocamadour autrefois

        Rocamadour autrefois

         

         

         

        Rocamadour autrefois

        Rocamadour autrefois

        Rocamadour autrefois

        Rocamadour autrefois

         

        Des ex-voto : bateaux portés en ce lieu par des marins reconnaissants de la protection de Notre-Dame de Rocamadour, des fers de prisonniers rendant grâce pour leur délivrance

        Rocamadour autrefois

        Rocamadour autrefois

        Rocamadour autrefois

        Rocamadour autrefois

        Rocamadour autrefois

          

         


         1 commentaire
         
      • Crypte Saint Amadour ( intérieur)

        L'autel de l'église inférieure Saint-Amadour avant les travaux de restauration du XIXeme siècle. C'est dans cette église que fut conservé entre le XIIeme siècle et le XVIème ( ou il faut détruit par les troupes protestantes qui saccagèrent le sanctuaire) le corps supposé de l'ermite Saint -Amadour. Ensuite et jusqu'aux travaux de restauration des années 1970 les parcelles du corps qui avaient été recueillies étaient laissées à la vénération des fidèle dans un reliquaire

        Crypte Saint Amadour ( intérieur)

        L'église Saint-Amadour avait été entièrement peinte au XIX eme siècle. En 1974 ces peintures furent supprimées. Au dessus de l'autel dans une niche on aperçoit le reliquaire de Saint-Amadour

         

        Crypte Saint Amadour ( intérieur)

         

        Crypte Saint Amadour ( intérieur)

        Crypte Saint Amadour ( intérieur)

        Détail des peintures (aujourd'hui supprimées) de la chapelle

         

        Crypte Saint Amadour ( intérieur)

        Crypte Saint Amadour ( intérieur)

         

         


         1 commentaire
         
      • Rocamadour autrefois : basilique Saint Sauveur ( intérieur )

        L'intérieur de la basilique tel qu'il se présentait dans les années 1950. Elle n'a retrouvé cette orientation primitive que récemment

        La tribune qui aujourd'hui n'a été conservée qu'au fond de la basilique contre le rocher se poursuivait alors sur les côtés latéraux mais sur un seul étage (alors qu'il y en a deux au fond). L'orgue était placé presque au dessus de la porte de la sacristie ( mais décalé sur la gauche) . On le devine sur la photo au bout à gauche...

        Basilique Saint Sauveur

        Le grand Christ de bois qui donne son nom à la basilique : Saint-Sauveur. Il était alors planté dans le sol et non fixé sur le mur comme aujourd'hui

        Basilique Saint Sauveur

        Basilique Saint Sauveur

        Basilique Saint Sauveur

        Basilique Saint Sauveur

        La basilique est une église à deux nefs de trois travées chacune. Il y avait donc un autel central dans la grande abside et deux autels latéraux. Après les travaux de restauration des années 1970 l'église avait perdue son orientation et l'autel était  placé contre un mur latéral. 

        Basilique Saint Sauveur

         Comme l'église Saint Amadour la basilique était entièrement peinte

        Basilique Saint Sauveur

         


         votre commentaire
         
      •  

         

         

         

        Rocamadour autrefois: la chapelle Saint-Michel

        La chapelle Saint Michel

        La chapelle Saint Michel

         


         votre commentaire
         
      • Quelques images de pèlerinage

        Mission paroissiale donnée par deux pères rédemptoristes vers 1935

         

        Quelques images de pèlerinage

        Quelques images de pèlerinage

        Quelques images de pèlerinage

        Quelques images de pèlerinage

         Premiers communiants de la paroisse de Gramat le 9 juin 1924

         

         


       1 commentaire

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique